Mario Piromalli - Monsieur McDo, pour vous servir

Publié le par Bel Ami

PIROMALLI05.jpgL'ouverture le 28 novembre de son dix- septième McDo fait de Mario Piromalli le premier propriétaire de l'enseigne en France. Le « M. McDo » doit sa réussite à une valeur qui lui tient à coeur : servir !


Mario Piromalli est un peu le « Monsieur McDo » de l'Ille-et-Vilaine. Et même de France, car depuis le 28 novembre, date de l'inauguration de son dix-septième restaurant à Liffré, face à l'Intermarché du centre commercial du Beaugé, il est devenu le plus grand propriétaire en France de l'enseigne américaine. « Nous ne sommes que deux à posséder dix-sept restaurants », glisse-t-il fièrement. Un événement qui a attiré pas moins de 800 personnes, et qui marque la création de quarante-cinq nouveaux contrats à durée indéterminée. Pour Mario Piromalli, « c'est un immense bonheur. On ne s'en lasse pas. A chaque fois que j'ouvre un nouveau restaurant, je me sens valorisé. Et je me sens aussi très fier de mesurer le travail bien fait, mais aussi, et surtout, de contribuer à une création de richesses. J'y suis très attaché, et je suis profondément heureux de ce que cela apporte à tout le monde, aussi bien aux nouveaux employés qu'aux enfants qui viendront se retrouver pour fêter leur anniversaire chez nous. McDo est un lieu de plaisir. » Car, pour le multi propriétaire, la vraie réussite, ce n'est pas l'argent. « Mon bonheur, c'est de pouvoir être utile, et de servir. Servir, c'est ce qu'il y a de plus noble », estime l'homme de 47 ans, aux cheveux grisonnants, au regard aimable et au sourire révélant son caractère attentif et sa profonde joie de vivre. Car si son chemin n'a jamais été tout tracé, Mario Piromalli a toujours su qu'il voulait servir, « peu importe dans quoi ». Et aujourd'hui, avec 1.000 salariés en CDI, il a l'impression d'y être arrivé. 
Un père mineur de fond 
« Je suis né en 1959 à Boulange, en Moselle près de Metz, petit village de près de 3.000 habitants, dont 70 % d'Italiens ou de Polonais. Mes parents, immigrés italiens, y sont arrivés en 1948. Mon père était mineur de fond. Ma mère, elle, s'occupait de ses onze enfants. » Huitième de la fratrie, Mario reçoit une éducation « simple et modeste. » Au quotidien, tout n'est pas toujours facile. « Souvent, à midi, il fallait se priver pour que tout le monde puisse manger », raconte-t-il. Mais malgré les difficultés, « mes parents ont toujours voulu faire les choses bien. Ils ont su nous donner une enfance heureuse, et nous apporter des valeurs d'humanité et de partage. » A 16 ans, il s'oriente vers l'hôtellerie, un peu par hasard, par le biais d'un copain. Direction, l'école hôtelière de Strasbourg. « Il fallait que je parte à 200 km de la maison familiale. En plus, mes parents devaient payer l'école. Entrer ici me faisait atteindre un niveau social supérieur. Pour mes parents, c'était un immense espoir. J'étais très fier, mais il ne fallait pas décevoir. » Finalement, l'étudiant passe son BEP de deux années « avec brio », et envisage alors de poursuivre, en toute logique, ses études. 
Expérience chez le Shah 
Au même moment, l'adolescent apprend que le Shah d'Iran recrute des professionnels du monde entier pour développer le tourisme sur l'île de Kish, dans le Golfe Persique. « Une chance inespérée ! J'ai postulé, et j'ai été choisi pour partir là-bas. » A 18 ans, une nouvelle expérience commence pour Mario. Bien loin de sa Moselle natale, il découvre un tout autre monde. « Après avoir connu la vie des mines, je me suis retrouvé au milieu de milliardaires et de têtes couronnées. Je gagnais 4.000 francs par mois, sans impôts, que je pouvais mettre de côté puisque j'étais logé, nourri et blanchi. » Sur l'île, près de 300 personnes travaillent aux côtés du jeune garçon. « Nous étions de toutes nationalités. Cette mixité sociale était extraordinaire. » Mario en profite pour apprendre l'anglais, sur le tas. Comme chez ses parents, il est frappé par l'importance de la solidarité et de la chaleur humaine. « J'étais chef de rang. J'avais donc en charge le service du Shah et de ses invités lorsqu'ils venaient. Un soir, après le dîner, une princesse est venue me voir, désolée de ne pas avoir sur elle d'argent pour le pourboire. Pour ne pas partir sans rien laisser, elle m'a donné son briquet. C'était un petit geste qui n'avait l'air de rien, mais ça m'a beaucoup touché. Un autre soir, je devais servir le premier fils héritier du Shah, qui était venu dîner. Il était entouré de gardes du corps armés. Pour l'occasion, le restaurant avait même été privatisé. Au moment de servir le champagne, la bouteille m'a glissé des mains avant de s'éclater sur le sol. En moins d'une seconde, toutes les personnes autour se sont levées en pointant leur arme sur moi. J'étais tétanisé, je tremblais tout ce que je pouvais. A ce moment-là, le prince m'a regardé, et m'a dit gentiment : « ce n'est pas grave, ça porte bonheur ». Ce jour-là, j'ai appris qu'il y avait des gens bien partout, et qu'ils pouvaient être prince ou sdf... » De retour en France, le garçon de 19 ans suscite la curiosité de son entourage. « En rentrant à la maison, j'ai ouvert mon sac rempli de l'argent que j'avais accumulé. J'ai alors demandé à mon père de tout prendre. Mes parents m'avaient toujours aidé, et ils en avaient besoin... » Après cette « incroyable expérience », Mario retourne à Strasbourg. et trouve du travail comme serveur dans la restauration classique. Quelques mois après, nouvelle chance pour Mario : l'américain McDonald's ouvre son premier restaurant à Strasbourg. « J'étais encore serveur chez Laubette, quand un ami me propose d'aller boire un coup... au McDo en question. « Je t'emmène dans un endroit nouveau que tu ne connais pas », m'a-t-il dit. A peine entré dans le restaurant, j'ai été interpellé, en tant que professionnel de la restauration. J'étais curieux de comprendre le fonctionnement de ce concept, de comprendre pourquoi on nous servait du café dans des tasses en carton... Mais ça m'a aussi beaucoup intéressé. Au bout de quelques minutes, l'un des managers s'est approché de moi. C'était un collègue d'Iran ! Il m'a conseillé de postuler car ils cherchaient des managers. C'est ce que j'ai fait sans attendre. » Rapidement embauché, Mario commence alors comme simple équipier. Puis, à son tour, devient manager. 
« Je n'avais pas d'argent » 
« McDo voulait ouvrir un nouveau restaurant à Metz. J'ai voulu y aller, pour voir, pour avancer... » Aussitôt dit, aussitôt fait, Mario se retrouve à Metz, en 1981, comme manager. « J'étais livré à moi-même. Très vite, je suis devenu directeur du site. » Trouvant ses capacités intéressantes, la société s'approche alors du jeune directeur. La proposition est simple : l'accompagner pour toutes les ouvertures des sites en France. C'est alors un véritable tour de France qui commence pour Mario : Nancy, Marseille, Nice, Mulhouse, Montpellier... « Je suis même allé en Suisse et en Italie ! » Chaque fois, ses missions durent de trois à neuf mois. « Je devais aider les franchisés à mettre en place leur restaurant. » Heureux le Piromalli ? Assurément ! Seulement voilà, a ouvrir pour les autres, il se rend vite compte qu'il aimerait désormais le faire pour lui, et devenir, lui aussi, franchisé. « Trop jeune, me disait-on au siège. « Regarde un peu les franchisés : ils ont tous plus de 40 ans, et sont riches ». Moi, je n'avais rien... » 
L'opportunité rennaise 
Mais, restant motivé, Mario ne lâche rien. Il insiste, presque têtu. « J'ai redemandé encore et encore, je le voulais vraiment. » A force de patience et de volonté, sa prière finit par être entendue. « J'étais en mission à Grenoble, pour l'ouverture. Le directeur en France de la société était là, avec son bras droit, pour constater l'état du travail. Une fois de plus, je lui ai demandé à être franchisé. Je savais qu'il allait partir à la tête de l'Europe, et que c'était donc la personne sur qui je pouvais compter. Il m'a alors promis de me franchiser dans trois à cinq ans. C'était gentil de sa part, mais c'était beaucoup trop long pour moi. Je lui ai dit que je voulais me franchiser tout de suite. A ce moment-là, son bras droit lui rappelle qu'un restaurant avait ouvert à Rennes, et que personne n'en voulait car il ne marchait pas du tout. Il m'a alors dit : « tu veux ton resto ? Vas voir à Rennes. Si le site te plaît, c'est pour toi. » Sans attendre, je me suis rendu sur place. Le McDo se situait en plein centre, au Colombier. J'ai fait ma petite analyse, en dix minutes, et je me suis dit qu'il était impossible que ça ne marche pas, avec toutes ces habitations autour... J'ai alors dit OK ! » Le 15 mars 1988, enfin, Mario devient franchisé. « Le problème, c'est que je n'avais pas d'argent pour acheter le restaurant. On me l'a donc loué. » Trois mois plus tard, les résultats décollent. « Mon McDo faisait un carton. Et au bout d'un an et demi, j'ai pu le racheter. » Satisfait Monsieur Piromalli ? Certainement, mais pas comblé, puisque la même année, il ouvre un second restaurant à Saint-Grégoire. Puis à Cesson, en 1994. En 2002, la société lui propose de faire une joint venture. « Elle me proposait de me vendre cinq de ses restaurants dans le département, pour 50/50. J'ai accepté. » De huit sites, il devient vite propriétaire de dix. « C'était un peu le petit poucet qui mangeait le grand », glisse-t-il. « J'ai su mettre à profit toutes mes valeurs. Mais il a fallu agir avec beaucoup de doigté, et d'humilité. On a formé petit à petit une équipe, avec laquelle on a ouvert 17 restaurants dans l'Ille-et-Vilaine. » Et l'aventure est encore loin d'être terminée, puisqu'au premier semestre 2007, Vern-sur-Seiche aura droit, à son tour, à son McDo. D'autres suivront... « Avant la fin 2008, il y aura 20 restaurants », assure Monsieur McDo. « La région rennaise est très dynamique. Tant que les feux sont au vert, nous continuerons. Il y a de réels besoins. » Après une expérience de 19 ans, Mario estime qu'il a eu « beaucoup de chance d'arriver chez McDo. Car c'est le reflet de toutes mes valeurs. On y encourage les volontés, on regarde ce que l'on vaut, pas d'où l'on vient. La mixité sociale, aussi bien du côté des employés que des clients, est rarement trouvée ailleurs. C'est grâce à toutes ces valeurs qu'aujourd'hui, je suis quelqu'un de simple et qui travaille avec plaisir et passion. »

Recruter en banlieue

Mario Piromalli se montre très attaché « aux aspects sociaux, et à l'emploi des jeunes ». « Dans nos banlieues, il y a des jeunes énergiques et qui en veulent. C'est à nous, chefs d'entreprises, de faire preuve d'humilité et d'aller vers eux. Il faut vraiment se poser la question de notre mission : nous devons créer des richesses, mais pas que pour nous. Aussi pour les autres. » D'ailleurs, le président du Comité de coordination des commerces rennais, également élu à la CCI, a déjà mis en place une action de recrutement en banlieue, début 2006. « Le salon de recrutement a bien marché, mais c'est encore trop peu. Il faut développer ces actions, car souvent, les jeunes ont du mal à mettre en avant leurs qualités et leurs valeurs humaines. Aujourd'hui, je veux vraiment faire comprendre aux dirigeants l'importance de ces jeunes qui forment l'avenir. Il faut les accompagner. C'est notre devoir. » Des valeurs que Mario entend bien apporter à ses quatre enfants, âgés de 7 à 25 ans, ainsi qu'à ses petits enfants, dont le premier est arrivé il y a quatre ans. Le sourire aux lèvres, il confie : « Je suis comblé de voir mes enfants porter ces valeurs. Ma fille dirige aujourd'hui le McDo de Bruz... Je veille dessus ! » 

Journal des Entreprises (35) - janvier 2007

Publié dans Portrait

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B
je suis passitionne par lhistoire mario piromalli. cest un homme qui savait ce quil cherchait depuis la jeunesse. Dieu est dedans,il a vite retrouve sa voie. ojordhuit, cest un epanoui et comble,qui met son bonheur au service des autres. merci et Dieu vs garde
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T
Très beau papier.
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